L’arbitrage d’hier à aujourd’hui
Michel Vautrot : l’arbitre référence des années 80Né le 23 octobre 1945 à Saint-Vit dans le Doubs, Michel VAUTROT passe son enfance à Antorpe chez sa mère et à Dampierre chez son père, ses parents étant séparés. En cours élémentaire, il souffre d’un souffle et rhumatisme au cœur qui l’amènent à être couché dans un lit pendant plus d’un an. Cette maladie l’éloigne des activités physiques durant toute son enfance. Il se lance par contre dans le journalisme sportif, assumant notamment la responsabilité de rédacteur en chef « d’Allez Besançon », organe des supporters du club de football.
Sans avoir été joueur auparavant, Michel VAUTROT commence l’arbitrage en 1963, tout d’abord pour prouver à un dirigeant local qu’il maîtrise les Lois du jeu. Il devient ainsi arbitre de la Ligue de Franche-Comté, dans la mesure où il n’y a pas de niveau District à cette époque dans cette région. Durant ses premières années d’arbitrage, il est suivi par Octave DAVID, ancien arbitre régional et membre de la Commission Régionale d’Arbitrage de Franche-Comté. Après avoir franchi les échelons dans sa Ligue, Michel VAUTROT devient arbitre de la Fédération, comme « Interrégional », en 1970. Par la suite, il devient successivement « Pré-fédéral » en 1971, « Fédéral 2 » en 1972, « Fédéral 1 » en 1973, enfin « International » en 1975. Ce Bisontin accède ainsi à l’élite de la hiérarchie arbitrale à seulement 30 ans. Michel VAUTROT est considéré comme le successeur de Robert WURTZ, bien qu’ayant un style d’arbitrage opposé à son collègue Alsacien. Il n’est pas réputé pour ses capacités physiques.
Sa haute stature (1m87) et son air paternaliste l’amènent à se faire respecter sur les terrains. Néanmoins, il casse les codes et modifie les normes de l’arbitrage, à travers une gestion « humaine » et pédagogique des rencontres. Il est l’arbitre de cinq finales de Coupe de France, en en 1979, 1982, 1983, 1984 et 1987. Michel VAUTROT est également sélectionné lors de la Coupe du Monde 1982 en Espagne et désigné avec son successeur, Joël QUINIOU, en 1990 en Italie. Il participe aux Championnats d’Europe en 1984 et en 1988 et dirige même la finale de cette compétition entre les Pays-Bas et l’URSS. Il dirige également la finale de la Coupe UEFA en 1985. En 1986, malgré la déception de ne pas avoir été sélectionné pour la Coupe du Monde au Mexique, il arbitre la finale de la Coupe d’Europe des clubs champions entre le FC Steaua Bucarest et le FC Barcelone. Au cours de sa carrière, Michel Vautrot est élu « Meilleur arbitre France Football » à dix reprises, en 1979, 1980, 1981, 1982, 1983, 1984, 1986, 1988, 1989 et 1990. Il est également désigné Meilleur arbitre international par l’IFFHS en 1988 et 1989 (l’arbitre français lui succédant pour cette distinction est François Letexier en 2024, soit… 35 ans après).
En parallèle de sa fonction d’arbitre, Vautrot est enseignant puis Inspecteur de l’Éducation Nationale, disposant néanmoins d’aménagements importants pour exercer son activité arbitrale. Après avoir arrêté sa carrière au sifflet en 1991, il est nommé Président de la CCA par Jean Fournet-Fayard, Président de la FFF. Il participe dès lors à la professionnalisation des arbitres, créant notamment la Direction Nationale de l’Arbitrage ou les postes de Conseillers Techniques Régionaux en Arbitrage (CTRA) en 2001. Il quitte ses fonctions en 2003. Que ce soit en tant qu’arbitre ou en tant que président de la CCA/DNA, ce célibataire consacre l’ensemble de ses temps libres à l’arbitrage. Il est aujourd’hui considéré comme l’un des meilleurs arbitres français de tous les temps, que ce soit pour les joueurs, les entraîneurs ou le public.
Alexandre Joly est un historien du sport. Il a soutenu une thèse en 2021 portant sur l’histoire des arbitres dans le football professionnel français durant le XXe siècle.